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Aux sources de la naturopathie

Aux sources de la naturopathie



Prendre soin de son énergie vitale. Stimuler les forces d’auto guérison. Recourir à la nutrithérapie. Etre relié à la nature. Et aussi, selon les grands principes d’Hippocrate, être attentif aux liquides et aux humeurs de l’organisme qu’il est utile de détoxifier. Se revitaliser. Ainsi se dessinent les grandes lignes de la naturopathie. Réflexions autour de cette approche…

 
 
La «naturopathie», mot inventé par John Scheel en 1885, est une façon de se maintenir en bonne santé en prenant soi de la force vitale, en activant les processus d’autoguérison et en se conformant aux lois de la nature. Comme le disent les anglais, la naturopathie est «le chemin de la nature».
Pour rester en bonne santé, quoi de plus logique, en effet, que d’emprunter ce chemin ? Rester au plus près de la nature dans son mode de vie, quel idéal, quel rêve… ! Se mettre les pieds dans le pré, dans la rosée de préférence, et la peau au grand air ! Oui, il y a de ça, même si ce sont des images d’Epinal. Il y a de ça, dans la santé. Il y a quelque chose de sain, tout simplement.

Quelque chose qui fait que l’on ne s’encrasse pas. Enfin, pas trop. Parce qu’on s’encrasse quand même, de toute façon. Dès qu’on pique une colère, on s’enflamme. Dès qu’on se fait du mouron. Dès qu’on court. Et Dieu sait que l’on court vite, à notre époque !

L’esprit dans lequel on fait les choses…

Ceci dit, il faut aussi disposer de pas mal de temps pour mettre en place une réelle hygiène de vie. «Hygiénique» au sens étymologique du terme signifie «santé». Alors, c’est vrai que l’on pourrait dresser des listes toutes plus intéressantes les unes que les autres reprenant les préceptes quotidiens de santé. Ce qu’il convient de faire et de ne pas faire.

On se lève, dynamique, heureux de vivre, avec une belle salutation au soleil, et du bon pain complet à graines sur la table. Puis de là, hop ! On saute sur son beau vélo super léger et on arrive ainsi au boulot en forme. Sur la pause de midi, on se fait une petite séance de Tai Chi dans le parc. Et le soir, après le boulot, on file au magasin bio, dommage qu’il soit si loin, où l’on enfourne nos bons légumes bio dans notre panier tressé ! Puis vite, on reparcourt la ville, toujours à vélo, pour terminer par une bonne séance de relaxation.
Là, on a mis en pratique tous les préceptes d’une vie saine, non ?
Mais à quel rythme !! C’est évidemment caricatural… Tout cela pour illustrer que l’important est bien plus l’esprit dans lequel on fait les choses que les choses proprement dites.

Des humeurs

Il s’agit d’abord de découvrir ses propres règles de bonne santé. L’hygiène de vie, c’est un chemin individuel. Pour les personnalités rabelaisiennes, l’hygiène de vie n’est pas la même que pour les personnalités papillonnantes et nerveuses, cela va de soi.
Du reste, Hippocrate l’avait bien compris. N’a-t-il pas défini les tempéraments liés aux humeurs principales ? Le personnage rabelaisien serait sans conteste un sanguin ! Et l’on ne demande pas à un sanguin de se comporter dans son mode de vie comme un bilieux, un nerveux ou un lymphatique, qui sont les trois autres tempéraments décrits par le grand médecin antique.

Des liquides

La naturopathie accorde grand crédit à la théorie hippocratique des humeurs, qu’elle étend au concept d’humorisme. Qu’est-ce ? Non, ce n’est pas de l’humour pratiqué à forte dose quotidienne, comme le mot pourrait le faire croire. L’humorisme consiste à tenir compte de tous les liquides qui nous composent. Nous sommes aux 2/3 de véritables organismes liquides, avec le sang, la lymphe, la bile, le liquide céphalo-rachidien, le sérum. Nous sommes brassés, parcourus, baignés par d’énormes mouvements continuels de liquides. Il y a des liquides dans les cellules et entre les cellules. Parfois, ça s’encrasse. Et ça circule moins bien, ça se ralentit. On se fatigue, ça ralentit encore…et il faut passer à autre chose, et parfois à radicalement autre chose... lorsque ça s’arrête tout à fait.

”Les crasses

La naturopathie s’emploie à conserver tous ces liquides au mieux de leur forme. C’est-à-dire à lutter contre l’encrassement de ces « humeurs ». La maladie provient, en effet, d’une surcharge des humeurs.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’on s’alourdit d’un tas de crasses inutiles à cause de diverses pollutions. On pourrait citer ces pollutions. On pourrait dire que l’on ne fait pas assez d’exercices physiques, que l’on dort mal, que l’on mange trop vite, que l’on ne s’aère pas assez. Mais ce n’est pas suffisant. Il y a des personnes qui mangent bien, dorment bien, font des exercices de façon régulière, s’aèrent…et qui n’en sont pas moins encrassées !

Alors ? Alors, il y a la chaudière qui tombe en panne alors que la caisse est vide, le patron qui ne met pas le salaire à jour, l’ado qui pratique intensément la philosophie du «bof», la petite qu’il faut conduire a ses leçons de danse, de piano, de judo, les parents qui vieillissent, les rv professionnels. La liste est diverse pour chacun mais longue pour tous. L’agenda est plein. On court, pour de bonnes ou de moins bonnes raisons. Les soucis sont d’ordre psychologique ou matériel. Et le corps réagit pour faire face à ces éléments stressants, comme l’a si bien démontré l’endocrinologue Hans Selye.
 
La vraie hygiène commence par

A chaque souci, le corps secrète de l’adrénaline et du cortisol, destiné à l’aider.
Mais les soucis ne s’envolent jamais tout à fait du mental humain, sauf cas de sagesse avérée. La peur et l’inquiétude des lendemains qui déchantent font que la mise sous tension de l’organisme continue. On ne peut énumérer la cascade d’effets négatifs qui s’ensuivent : les artères endommagées, les dépôts de calcium, le cholestérol qui grimpe, le coeur qui ne s’irrigue plus correctement, les réactions inflammatoires en chaîne.
La vraie hygiène de vie devrait commencer par l’hygiène de l’esprit, plutôt que par le corps. Car tout ce qui relève de l’anxiété, de la peur, de la dépression, de l’agressivité, en gros de l’hyperréactivité entraîne des dommages dans le corps. L’encrassement vient d’abord de la réactivité psycho-physiologique de l’organisme. Si une personne tient vraiment à être plus hygiénique, c’est-à-dire en meilleure santé, alors il lui faut donner une large priorité à déboulonner les causes de stress. De plus, elle aura tout avantage à apprendre à se situer de façon la plus adéquate possible face aux soucis, par n’importe quelle technique, que ce soit la pêche à la truite, le yoga, ou la marche, pour éviter et ne pas contribuer à la contamination générale qu’induit le rythme infernal et la compétition. Mettant en place cette hygiène de vie là, peut-être sera-t-elle alors réellement plus armée pour maintenir la meilleure santé possible en elle.

«Deindere purgare»

L’un des grands préceptes de la naturopathie, outre l’hygiène de vie, est «deindere purgare», ce que l’on traduit par «détoxifier et purifier». Tout un programme. Pour cela, on peut conjuguer différentes méthodes dans les quatre grands domaines suivants : la diététique et la nutrition, l’attention aux exercices et aux mouvements corporels, l’utilisation de l’eau, la gestion du stress. On aidera ainsi les reins, les intestins, les poumons, le foie, la peau à faire du bon boulot. Ce sont les organes qui éliminent les déchets. Leur nom ? Les émonctoires. Un nom rigolo et bizarroïde. En tous cas, le naturopathe aidera ces fameux émonctoires à fonctionner le mieux possible.
Avec l’aide d’un bon naturopathe, chacun fera son cocktail de purification et c’est tout bénéfice.

Parenthèse sous forme de témoignage

Petite parenthèse sur les risques de dérives liées à l’amalgame entre les pratiques de purification et les idées de pureté, dont peuvent découler les jugements envers autrui. Certaines personnes boivent, se nourrissent mal, ne pratiquent aucune activité physique, parce qu’au départ, elles n’ont pas les moyens de mettre en place une saine hygiène de vie. Elles n’ont ni les moyens physiques, ni les moyens culturels, ni les moyens financiers. Je ne pense pas que tout le monde soit responsable du dysfonctionnement de sa santé, comme les discours en vogue le proclament. Mais non. Bien sûr que non. Il suffit pour cela d’aller faire un tour du côté des vrais cabossés de la vie. Témoignage de Catherine qui travaille dans un institut pour enfants placés. Elle me raconte l’histoire d’une famille où le petit garçon de 5 ans cherchait dans les déchets de quoi nourrir sa petite soeur de 4 ans, parce que les parents ne pensaient tout simplement pas à les nourrir chaque jour ! Ceux-là ont-ils les moyens d’une bonne hygiène de vie ? Et est-ce rare, croyez-vous ? Mais non, pas si rare que ça. Beaucoup moins rare qu’on ne le croit. On se tait alors. On est responsable de sa santé. Oui, certes. Mais ne parlons que pour soi-même. Jamais que pour soi-même…
 
 
La nutrithérapie

Ceci étant dit, si, en naturopathie, il est conseillé de se détoxifier, de se purifier, de se rendre léger, il est tout aussi important de veiller à ce que l’organisme soit bien nourri. Judicieusement n o u r r i . C’est là qu’intervient la nutrithérapie. Elle consiste à soigner la personne par une modification de l’alimentation. Et aussi, si le cas le demande, à prescrire l’administration de micronutriments comme des vitamines, des minéraux, des acide gras, des acides aminés. Il y a des excès, des carences, des allergies, des déséquilibres, des surcharges. Tout cela peut se traiter. Mais cela demande une observation, une étude, une connaissance. En effet, les leurres de l’autodiagnostic sont nombreux en ce domaine. Pour découvrir réellement le régime qui convient, il est sage de se faire aider par plus instruit que soi en la matière.

De la force vitale

La naturopathie postule que la santé est en étroite corrélation avec la force vitale. Qui n’a entendu parler de cette notion actuellement ? De la tradition orientale, on connaît le «Ki» du taoïsme, ou le prana hindou. Ces notions millénaires, qui ne se différencient pas de ce qu’expriment les physiciens actuels, disent, en substance, quelque chose de très simple : l’énergie anime toute chose et tout être vivant. Nous sommes animés par une force vitale qui est l’énergie.

Pour les naturopathes, la santé consiste à prendre soin de la force vitale. A chacun de gérer cette force de base avec intelligence ou pas. On comprend dès lors que la prévention soit la plus efficace des armes.

La force vitale s’use. Mais il est possible de l’entretenir. C’est ce que proposent les cures de revitalisation naturopathes. On recharge sainement ses batteries afin que la force vitale continue à procéder à l’auto-guérison. En effet, la naturopathie se veut accompagnatrice de cette capacité. D’où le respect du principe hippocratique «Primum non nocere», que l’on traduit par «ne pas nuire». Autrement dit, si la fièvre sévit, s’il y a toux, ou éruptions, ou nez qui coule, ce sont des crises d’élimination, et non des symptômes à éradiquer impérativement
 
Les besoins de l’âme et la vitalité

Pour la naturopathie, la maladie est un déséquilibre de l’organisme qui n’est plus en phase avec ses besoins. Le tout est d’aider l’organisme à restaurer l’équilibre.
Oui, c’est bien vrai qu’avec le temps, nous nous déséquilibrons. Ainsi, au début de la vie, le bébé est au plus près de ses besoins. Puis, il grandit. Il devient un adulte et s’éloigne de ses besoins premiers. Son âme reste identique cependant. Mais curieusement, l’adulte est moins capable d’entendre les besoins de cette âme, qui est fondamentalement vivante. Il perd le contact.
Il souffre dans tout son organisme de cette perte de contact. Il se charge. Il se bouche.

Mais s’il écoute le murmure intérieur de son âme, s’il le laisse librement bruire en lui, alors ses yeux s’ouvrent et ses oreilles entendent. Et il répond à ce besoin premier d’harmonie qui est un besoin d’union à la vie, dans son fondement. Vie qui se traduit, entre autres, dans les rythmes et les lois de la nature. Mais aussi dans tout ce qui fait résonner la beauté, le silence, la fluidité, la liberté, la bonté.
Nous répondons imparfaitement aux besoins de notre âme, certes, mais nous répondons. Et ces réponses que nous apportons, toutes imparfaites qu’elles soient, procèdent de la vie et nous mettent dans un plus de vie.
Et fondamentalement, c’est la santé.

Marie-Andrée Delhamende

Paru dans l'Agenda Plus N° 239 de Juillet 2012
 
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