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En chemin, l'intuition

En chemin, l’intuition



L’intuition est une voie de connaissance. Et comme toute voie, elle est exigeante. Elle demande vacuité, finesse, ouverture, discernement, équilibre. Qu’est-ce que l’intuition ? D’où vient-elle? Quand apparaît- elle ? Que traduitelle ? Faut-il toujours en tenir compte ? A nuancer…

 
Nous sommes confrontés quotidiennement à des choix. Cela, dès qu’on pose le pied en dehors du lit. Quel foulard porter ce matin, le jaune mimosa ou le fuchsia ? Que manger au petit déjeuner, le pain au chocolat ou le pain azyme ? Par quelle tâche commencer pour organiser au mieux sa journée de travail, le coup de téléphone ou le rapport ? Quel nouvel appartement choisir, le plus vaste mais loin du boulot ou le plus petit mais plus proche ? Et quoi, de l’union libre ou d’un mariage, d’un enfant supplémentaire ou non, d’un départ à l’étranger, d’un type de boulot à chercher, et ultimement du fait d’être mis en terre ou incinéré… ?! Et ainsi de suite. Les choix, graves ou futiles, s’égrènent sans cesse.

Pour ou contre ?

Pour ces choix à faire, la plupart des personnes se basent sur des éléments rationnels. Ainsi de Valérie qui hésitait, moyennant un emprunt, à devenir propriétaire d’un appartement ou à continuer à rester locataire. Valérie divisa une feuille blanche en deux colonnes et y inscrivit les arguments «PouR» et «CONTRE» Après avoir procédé de façon systématique à la revue de ses deux colonnes, l’avoir soupesé, l’avoir comparé, l’avoir analysé, l’avoir réfléchi, Valérie décida de ne pas acheter un appartement mais de poursuivre la location. Elle s’en trouva très bien par la suite.

Elle confia que ce qui la fit se décider réellement se produisit dans le parc, sur un banc, en regardant les jeux d’eaux d’une fontaine. tout à coup, ce fut une évidence : «Non, je ne veux pas être propriétaire. J’ai envie de rester légère». Et la décision, dans l’éclat de cette évidence, était toute simple à prendre. Il n’y avait plus de doute.

Devant une évidence, les arguments fondent comme neige au soleil. Il ne s’agit plus d’être d’accord ou de ne pas être d’accord, de dire «oui» ou «non», d’être «pour» ou «contre». Lorsque l’intuition surgit comme une évidence, on n’est tout simplement plus dans un système où le «oui» et le «non» s’opposent. on ne se trouve plus dans un système binaire. Avec l’intuition, le «deux» se dissout soudainement au profit du «un». L’intuition, lorsqu’elle est de cette qualité, se joue de la raison et des déductions logiques.

Pas de cause à effet

L’intuition ne se situe pas dans une sphère mentale où la logique et la déduction prédominent. Elle fait l’économie de relier une cause à une conséquence. L’intuition n’est pas le résultat du temps ni d’un processus qui part d’une donnée de départ pour arriver à un point d’arrivée. Il n’y a plus de linéarité. Plus de route à parcourir dans le mental pour comprendre et déduire. Souvent, l’intuition survient en rupture avec ce qui précédait.

L’intuition troue la trame du temps. Comme si elle détissait tout à coup les fils du passé et du futur. Elle ne procède pas par étapes. Elle fait un saut du point A à un point x, mais sans qu’il n’y ait nécessairement de lien entre les deux.

Où nous devenons libres

L’intuition n’est tout simplement pas issue de la pensée.
Elle surgit généralement lorsque l’esprit est au repos, dégagé de son incessante rumination. Durant quelques instants, la pensée n’a plus lieu. Instants de rêverie. Instants libres. Pauses. où nous devenons légers. où notre regard se perd dans les miroitements de l’eau. où nous écoutons la pluie résonner sur les pavés. où nous sentons l’odeur de l’humus dans la forêt. où la fourrure de notre chat est soyeuse. où nous regardons le jeu des nuages. Instants «numineux » de Jung. où nous sommes insouciants parfois et rebelles aussi à ce qui est supposé être «politiquement correct» selon le milieu dans lequel nous vivons.

Etat où le cerveau se trouve en ondes alpha, état de relaxation profonde induit par nombre d’approches. Ainsi de la sophrologie qui aide, par différentes techniques, à mobiliser les ressources dont, entre autres, l’intelligence intuitive.

Pas de pensées donc. Mais un entredeux. Bon nombre de méditants et de sages témoignent qu’entre deux pensées existe un intervalle minuscule de vide et de silence. C’est dans ce vide et ce silence mental que l’intuition peut survenir. Sa source se situe dans les régions d’une réalité intérieure inconnaissable par la pensée discursive.

Cette réalité inconnaissable par la raison, et dont l’expression ne peut être qu’approximative vu qu’elle échappe à la sphère rationnelle, est diversement approchée par les poètes, les sages, les philosophes, mais aussi les scientifiques, les psychologues et les psychanalystes, et par tout un chacun, dans l’une ou l’autre période de sa vie.

Nous n’avons pas toujours l’audace

Ceci dit, nous n’avons pas toujours l’audace de les écouter, nos intuitions, ni la pratique. Car écouter, recevoir et tenir compte de ses intuitions, cela se travaille. La matière première du travail, comme en toute chose, c’est soi-même. Et peut-être est-il inutile de gloser des heures. Peut-être suffit-il de laisser s’écailler l’habitude et le connu qui nous alourdissent le regard…
 
 
L’intuition, aérienne, légère, vivante, doit arriver à la conscience, à travers les strates des acquis. Sa remontée vers la surface, de l’intérieur à la périphérie, ne sera pas aisée. Car il s’agit bien d’aller de l’intérieur vers l’extérieur. oui, l’intuition vient de l’intérieur. De très profond à l’intérieur. on serait tenté de dire : «du centre». Mais gageons que ce n’est pas du cerveau. Plutôt de la conscience. La conscience est non locale1, comme le pressentent de plus en plus de chercheurs de la communauté scientifique, ayant pour outil le cerveau codant et décodant les informations. L’intuition part de l’intérieur donc et, partante, elle est fraîche, neuve, vierge. Mais en chemin il se peut qu’elle s’altère de nos interférences. Et que nous prenions les unes pour l’autre.

Les bagages du «connu»… Bien qu’ultra rapide, bien que flamme légère, bien qu’éclair illuminant, l’intuition ne nous parvient pas telle qu’elle est. Il y a les bagages du connu à traverser. Ce à quoi nous nous identifions. Nos souvenirs, nos conditionnements, nos répressions, nos refoulements, nos émotions, nos réactions. Ajoutons-y encore les histoires que l’on se raconte, les projections, les croyances, le savoir, tout ce qui fait dire à l’écrivain Nancy huston que l’espèce humaine est «l’espèce affabulatrice» ...

Les malles invisibles des «connus» que nous trimballons deviennent un jour bien lourdes si nous n’y prenons garde. or, l’intuition vient du non-connu. C’est simple, mais c’est immense.

C’est pour cela qu’il importe d’être le plus près possible de la virginité des choses. Le plus près possible de ce-qui-est. Allégeons-nous. Qu’il y ait de la place dans nos valises. Du vide, du silence. Secouons nos vieilles habitudes réactionnelles. Du vif, du vivant.

Cultiver une curiosité profonde

L’intuition est liée au vivant. La vie naît et renaît sans cesse. Elle crée et recrée sans cesse. on est plus ou moins éveillé à la vie, plus ou moins aiguisé. L’intuition naît lorsque notre état d’éveil est très aiguisé. Même si on en est tous dotés au départ, à des degrés divers, ça se travaille comme en témoigne Jean, directeur de maison culturelle, la soixantaine, viril, sensible, intelligent : «Pour moi, l’intuition résulte d’une dynamique vitale. Il s’agit de pratiquer activement l’ouverture au monde et à tout ce que nous ignorons». heureux est-il, Jean, et ceux et celles qui, comme lui, sont amoureux de la vie et de toutes ses manifestations. heureux sont-elles, ces personnes, car elles restent curieuses des autres et du monde qui les environne. La curiosité nous tient éveillé. Non pas une curiosité mesquine et cancanière mais une curiosité profonde et sincère envers la vie, son mystère, sa création et recréation continuelle dans de nouvelles formes.
 
 
Cette curiosité peut s’exercer envers les êtres vivants, quels qu’ils soient, via l’observation, la relation à autrui, la relation à la nature, la confrontation avec des formes artistiques et des cultures autres. Et aussi un rapport conscient et sain à son corps : «J’ai appris à respecter et prendre soin de mon corps, à me mettre à l’écoute de mes sensations et perceptions, à leur faire confiance, non pas de manière aveugle, mais de manière bienveillante», dit Jean, et d’ajouter : «C’est comme si mes sens et tout mon corps s’alliait à mon intellect pour m’indiquer des voies à prendre». Dans ce témoignage, hommage est rendu au fameux «mens sana in corpore sano», aphorisme que je recycle au quotidien où mes capacités intuitives trouvent leur source», conclut Jean dans un sourire.

Et c’est vrai que les capacités intuitives, comme la créativité par exemple, ont un lien à l’esprit autant qu’au corps. Ainsi, l’instinct et l’intuition sont à la fois très semblables et très différents. Ecoutons osho, toujours aussi excessif et partial, mais aussi frais et direct dans ses propos : «Je suis en faveur de l’instinct», dit-il, «si vous êtes totalement en faveur de l’instinct, il vous sera aisé de trouver la voie conduisant à l’intuition, parce qu’ils sont tous les deux semblables, même s’ils fonctionnent à des niveaux différents : l’un fonctionne au niveau matériel, l’autre au niveau spirituel. Si l’instinct n’est pas disponible, vous êtes morts, si l’intuition n’est pas disponible, votre vie n’a aucun sens, vous trainez…» [in «L’intuition » d’Osho, Almasta éditions].

Faire le tri

Ouverture donc, mais ouverture sans agitation, ni chaos. Les intuitions émanent fondamentalement d’un silence, d’un vide, d’une pause dans le mental, comme l’explique Aurobindo : «Dans un esprit vide, vide mais non inerte, les intuitions ont une chance de pénétrer vivantes et entières». Et de mettre en garde : «L’intuition est une chose que peuvent facilement imiter beaucoup d’autres mouvements intérieurs qui sont beaucoup plus faillibles»2.
 
 
L’intuition n’a pas toujours un caractère d’évidence. Elle peut aussi se traduire par des sensations plus vagues, des ressentis, des signes. L’intuition, lorsqu’elle n’a pas un caractère d’immédiateté et d’évidence, est tout simplement «mélangée» à des composantes personnelles, émotionnelles, sentimentales, réactives, etc... C’est souvent le cas. Nous avons alors à être honnêtes et humbles. Si l’intuition n’a pas un caractère d’évidence absolu, il est nécessaire de faire un tri entre les sensations, les sentiments, les réactions, les évènements et ce qui est du domaine de l’intuition. tout un travail de présence, de vigilance, d’impartialité, d’égalité d’humeur, de limpidité, d’écoute, de vérification, de discernement et de discrimination nous est demandé.

Ne pas se laisser aller à toutes ses intuitions

Certaines personnes fonctionnent seulement à l’intuition. Elles sont du type «intuitif» dans la caractérisation psychologique de Jung. L’action des personnes de type intuitif est d’abord et avant tout basée sur leurs ressentis intuitifs alors qu’une personne de type rationnel basera davantage son action sur une analyse.

Selon Jung, les personnes de type intuitif, si elles sont inspirées et plus ouvertes au monde des symboles, agissent parfois de façon trop impulsive, voire irrationnelle aux yeux d’autrui, tenant peu compte de la réalité des autres et des règles qui balisent la vie en groupe. Il ne s’agit donc pas de se laisser aller à toutes ses intuitions. En effet, vivre uniquement dans la liberté qu’induit un ressenti intuitif n’est pas toujours le fait d’une personnalité intégrée ; une personnalité trop intuitive peut être quelque peu déconnectée de la réalité vivant seulement au niveau de sa composante spirituelle sans intégrer ses dimensions matérielles et relationnelles.

Le concret à sa juste place

L’intuition est une merveilleuse ressource bénéfique lorsqu’elle est au service d’une personnalité pleine. une personnalité qui ne méprise pas le rationnel, mais s’en sert. une personnalité qui ne se retire pas du plan concret, mais le met à sa juste place. une personnalité qui ne fait pas fi du conseil des autres.

Par ailleurs, les intuitions ne concernent pas des réalités nécessairement sublimes. Elles touchent à des questions pragmatiques. Les questions pragmatiques sont tout aussi importantes que les questions qui ne le sont pas. Elles impliquent notre incarnation. Des questions qui touchent à ce que l’on mange, à comment l’on gagne sa vie, ne sont pas superficielles. Elles nous engagent. Si, dans nos recherches de réponses à ces questions, nous convions l’intuition, sachons recevoir ce qu’elle nous envoie avec discernement.

L’intuition du futur

Etymologiquement, intueor se rapporte à l’acte de voir. Il ne s’agit évidemment pas de voir simplement l’apparence des choses, des événements ou des personnes, mais de voir ce-qui-est, passé, présent, futur y compris. En ce sens, l’intuition est un mode supérieur de connaissance pouvant aller jusqu’à la révélation - d’où son caractère de globalité.
 
 
Certaines personnes sont d’ailleurs dotées d’une intuition du futur, se modulant en pressentiments puissants. Ainsi Fabienne, tempérament créatif, bien dans son corps, la cinquantaine, témoigne : «Il est 7 heures du matin en décembre. Je suis sur la route du travail. Il fait noir. Une phrase s’impose à moi, très claire dans ma tête : la mort rôde. Très vite, sans émotion, je visite les possibles. Ma fille ? non. Moi ? non. Ma mère ? oui. C’est une certitude immédiate. Bien que dans un home, ma mère n’était pas malade. Je suis sous le choc». Quinze minutes après son arrivée au travail, Fabienne reçoit un coup de téléphone du home : on vient d’emmener sa mère en clinique pour lui faire des examens urgents. Deux mois plus tard, elle décède d’un cancer du pancréas.

De ces deux mois d’accompagnement en fin de vie de sa mère, Fabienne raconte que ce fut «une extraordinaire expérience » parce que, dit-elle, «je n’étais QUE dans le mode intuitif à ce moment. Plus le choix sans doute. Tout le long de cet accompagnement, j’ai répondu à je ne sais quelles injonctions et questions… sans les entendre. Par exemple, un jour, j’ai su qu’il fallait dire les dernières paroles. Je l’ai fait. Peu de mots. Juste ce qu’il fallait. Apaisement pour moi. Le lendemain de ce jour, j’ai soudain dit «oui» sans savoir pourquoi. Le soir, ma mère entrait dans le coma et n’en ressortait plus.»

La joie et la petite voix

Intuition de l’approche de la mort. Mais aussi intuition de la vie qui arrive.
A 25 ans, Lydie vit une période noire. Sa mère vient de mourir dans des circonstances tragiques, après plusieurs années de maladie. La relation avec Marc, son petit ami, s’étiole et ils ont rompu. Lydie a trouvé du travail. Elle travaille à plein temps dans une entreprise publique mais le salaire arrive systématiquement en retard de 2 mois sur son compte, ce qui lui cause beaucoup d’angoisse. En effet, Lydie est seule au quotidien et lorsque le frigo est vide, il le reste. Cette période de sa vie est marquée par une grande tristesse.

un jour, avant son travail, le matin, alors qu’elle se rend, une fois de plus, au Bancontact pour vérifier si l’argent de son salaire est enfin arrivé sur son compte, elle ressent tout à coup une immense joie qui l’envahit. «J’étais baignée de joie dans ma poitrine, et j’entendais une voix qui me disait : tu ne seras plus jamais seule, tu ne seras plus jamais seule. Je me demandais ce qui m’arrivait car rien de nouveau ne s’était produit dans ma vie».

La semaine qui suivit, son fils fut conçu avec Marc. La même joie l’envahit ce soir-là. une joie immense, irrépressible. Lorsque Lydie fit le test de grossesse un mois plus tard et qu’elle sut qu’elle était enceinte, elle dansa dans la pièce, éperdue de reconnaissance, en chantant : «Je vais avoir un bébé, je vais avoir un bébé». La joie, encore. Neuf mois plus tard, son enfant naissait.

Les expériences intuitives très intenses de Fabienne et de Lydie se manifestent par la clairaudience. Elles «entendent» une voix intérieure qui leur dit quelque chose.
 
 
Du reste, beaucoup de personnes ont l’impression qu’une petite voix intérieure «sait» ce qui est bon pour elles, même si cette petite voix n’a pas le caractère de prémonition aussi nette que dans le cas de Fabienne et de Lydie.

Jouer sa propre partition

Il semble que certaines personnes aient l’intuition de ce qui est important dans leur vie : les évènements significatifs touchant les proches, les rencontres, les changements d’orientations, les déménagements. La vieille question du destin se pose. Maud Kristen, voyante de réputation internationale, née en 1964, dit sur le fait de «voir» le futur d’une personne : «Il n’y a aucune différence entre ce qui t’arrive et ce que tu es».

L’une des clés du bonheur est sans conteste d’être qui on est. Simple ? Non, pas si simple que cela, semble-t-il. Car il s’agit avant tout de relier l’intérieur et l’extérieur, c’est-à-dire qui nous sommes et l’extérieur : ce qui vient à nous - ou ce que l’on génère. C’est ce que nous fait percevoir l’intuition. telle chose nous correspond et telle autre pas, à un certain moment de la vie. tel acte peut parfaitement nous correspondre ou pas. telle personne nous convient ou pas. Nous faisons le choix de nous ouvrir à ce qui arrive, ou pas. L’intuition peut s’avérer être un guide intérieur pour vivre en étant totalement accordé à soi à telle ou telle époque de sa vie. Et il ne s’agit pas du soi conditionné mais de soi dans la profondeur et la liberté. Lorsque l’on est accordé à soi, on joue sa partition à soi… ce qui est bien plus simple finalement.

De la relativité de la réussite sociale

Est-ce à dire que si nous avons l’intuition de ce qui nous correspond, nous allons nécessairement vers la réussite ? Non. En tous cas, pas socialement. Chaque personne ne réussit pas socialement même si elle est en totale résonance avec elle-même ; il faut être tout à fait clair sur ce point.

Certaines personnes veulent utiliser l’intuition pour réussir. or, l’intuition est un chant qui vient d’une dimension intérieure très profonde de la conscience. Ce chant peut être entendu dans les circonstances les plus simples et en réponse aux questions les plus pragmatiques. Mais nos mobiles, pour l’écouter, doivent rester sains et, osons le terme, «purs». Sinon nous entendrons juste l’écho de nos avidités. L’intuition n’amène pas nécessairement le succès donc, mais des moments de joie, oui. Quand nous sommes accordés à nous-mêmes, nous éprouvons de la joie. Evidemment, il est très rare d’être constamment accordé à soi-même. Mais on peut sans doute multiplier des moments d’accord avec soi-même en étant attentif à son intuition.

L’intuition «sait» nos besoins fondamentaux

Eprouver l’intuition de ce que l’on est, de ce que l’on doit faire, de ce qui est adéquat à ce moment-là de nos vies, est une voie royale vers la liberté. Et ce qui traduit notre liberté, c’est l’harmonie. Non pas une harmonie stéréotypée où tout est «rose». Mais une harmonie qui nous met en accord avec notre désir le plus profond, pourvu que ce désir ne soit pas captatif, et avec ce que la vie nous renvoie à ce moment-là.
 
 
L’intuition ne crée rien, elle ne fait que refléter ce qui est. Parfois, nous ne voulons pas voir ce qui est. Nous embrumons les choses, nous les voulons autres et nous ne sentons plus qui nous sommes. Mais l’intuition, elle, «sait» nos besoins fondamentaux. Car en respectant ces besoins essentiels, on agit naturellement. En agissant selon notre personnalité, nous agissons de façon fluide sans une volonté excessive de contrôle. Nous ne nous raidissons pas ni ne nous figeons.

Méditons les sages paroles du taoïsme, avec tchouang tseu : «Permettez à chaque chose d’être ce qu’elle est à l’origine de telle sorte que sa nature se réalise».

De l’origine des choses et de ce qu’elles sont, nous avons l’intuition. Pourvu que nous puissions la recevoir telle quelle, c’est une ressource infiniment précieuse.

Marie-Andrée Delhamende

1 Cfr. notamment l’interview de Pim Van lomel, in INREES n°9.
2 Aurobindo, «La pratique du yoga intégral», Editions Albin Michel

Livres
- Maud Kristen, Ma vie et l’invisible, (autobiographie d’une voyante), Editions Presse du Châtelet.
- Laura Day, Guide pratique de l’intuition, Ambre éditions.