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Le syndrome du jumeau perdu

 

LE SYNDROME DU JUMEAU PERDU

Alfred R. et Bettina Austermann.

Editions Souffle d'Or.

 

Un lieu commun admet qu’un jumeau né seul est assez rare. Pourtant, Alfred R. et Bettina Austermann nous démontrent ici qu’à peu près 10% des grossesses naturelles sont au départ gémellaires et que seulement 1% à 2% de ces grossesses aboutit à la naissance de jumeaux vivants.

 

Ce livre nous entraîne dans un premier temps, au sein même des processus de fécondation et nous découvrons alors que les nouvelles techniques d’investigation fine corroborent ces chiffres.

 

Nous constatons que la perte d’un jumeau se situe généralement dans le premier tiers de la grossesse et passe souvent inaperçue : un petit saignement. Mais ce qui se joue à ce moment est un drame intra utérin terrible pour le jumeau restant. Car l’embryon perçoit l’autre dès le deuxième mois de grossesse, de plus les mémoires du champ, corporelle, sensitive et extracorporelle, inscrivent profondément les expériences intra-utérines dans l’être en devenir.

 

Mais où disparaît le jumeau décédé ? Lorsqu’il ne s’agit pas d’un avortement, il est absorbé par le tissu du placenta, parfois même il s’incruste dans le jumeau survivant, et rarement devient un « fetus papyraceus », un corps desséché dans le placenta visible à la naissance.

 

Les jumeaux sont étroitement liés et l’amour qu’ils ressentent l’un pour l’autre est particulièrement fort. Aussi l’évènement le plus dramatique pour un jumeau est-il la perte de son alter ego, que ce soit à la naissance ou dans l’utérus ?

C’est pour lui une catastrophe d’une portée vertigineuse, un drame silencieux aux répercussions les plus graves.

 

Les enfants demi-jumeaux, sont sensibles, profonds, souvent silencieux, en retrait. Les miroirs exercent une grande fascination sur eux, ils y recherchent leur alter ego. Parfois ce sont des enfants difficiles, criards, hyperactifs.

 

Le jumeau survivant développe la plupart du temps un syndrome comportant des malformations organiques et surtout des répercussions psychiques importantes que les auteurs ont listées et qui composent le syndrome du jumeau perdu.

 

Pour guérir, le demi-jumeau doit, en premier lieu, recontacter l’expérience douloureuse de la perte dans l’utérus ; puis se réconcilier avec son jumeau auquel il reproche son départ et enfin se déculpabiliser grâce à un travail thérapeutique.

 

Un livre qui me touche au cœur, passionnant et de plus source de réflexion pour les thérapeutes qui, devant un faisceau de symptômes convergents, seront à même de présupposer un jumeau perdu comme origine du mal être du patient.

 

Dominique Marion