Que diriez-vous de déposer une semence de rose dans un vase de cristal, puis de l’exposer bien en vue sur un piédestal? Ce serait assez étrange, vous en conviendrez! Normalement, on mettrait plutôt la graine en terre pour qu’elle puisse se transformer... Ce n’est pas la graine en soi qui nous intéresse, mais le futur rosier.
On a l’habitude, lorsqu’on jardine, de voir les semences non pas pour ce qu’elles sont, mais pour ce qu’elles deviendront. Elles sont minuscules et assez inintéressantes, mais on ne laisse pas cela nous arrêter; la graine n’est pas qu’une simple graine pour nous, mais un rosier. C’est pourquoi on fait les actions qui l’amèneront à se transformer... Et c’est pourquoi on se retrouvera avec de magnifiques fleurs à humer. Si on s’arrêtait à l’état actuel des choses, rien ne pourrait changer.
Ce qui est si simple et si naturel dans notre jardin l’est souvent beaucoup moins au quotidien. On a appris à voir les choses comme elles sont – exactement comme elles sont – et à ne pas en déroger. On croit que l’on doit exposer nos petites semences sur un piédestal, bien en évidence, et passer nos journées à les examiner. On pourrait les mettre en terre et passer immédiatement en «mode rosier», mais on sent l’obligation de les voir comme elles sont et de faire face à la réalité. En fait, on est si occupé à les regarder et à les analyser – à faire à peu près tout, sauf les mettre en terre – qu’on les empêche de se transformer.
Voir l’invisible...
L’une des plus grandes aptitudes que l’on puisse développer (ce principe transformera complètement votre existence, si cela n’a déjà commencé...) est la capacité de voir au-delà de ce que l’on vit maintenant – de penser, de vibrer et d’agir non pas en fonction de l’état actuel des choses, mais de ce qui est en devenir. La réalité physique du moment est certainement très concrète, très captivante... Après tout, on la voit en trois dimensions, avec tout plein de jeux de lumière et d’effets de son! Mais si on lui consacre toute notre attention – si on ne laisse pas d’espace pour ce qui est en gestation –, on bloque involontairement le mouvement naturel de transformation.
Voir l’invisible est souvent un défi, sans contredit. Il n’est pas toujours facile de deviner le rosier dans la minuscule graine et d’avoir l’audace de le cultiver alors qu’on n’a rien de «réel» sur quoi s’appuyer. Il faut bien du courage pour commencer à penser et à agir en fonction d’un dénouement magnifique que l’on ne peut pas encore observer... Cela nous donne le sentiment de mentir, au début, car on se voit arroser des graines qui n’ont même pas commencé à germer. On se figure arroser de la terre brune, finalement! Y a-t-il quelque chose de plus dément? Or, cette zone de «mensonge» est l’espace dans lequel on permet à la magie de la vie – ou de la nature – d’opérer. Il faut traiter la graine en futur rosier si l’on veut qu’elle puisse se transformer.
Précéder la vie...
Notre rôle, en tant que «jardinier» de notre existence, est d’être plus grand que la récolte du moment – de toujours précéder notre vie de quelques pas, tout comme on précède la nature en cultivant des fleurs qu’on ne voit pas encore. On parle ici d’être un visionnaire plutôt qu’un simple observateur, finalement... Un visionnaire qui reste branché à ce qui l’habite et à ce qu’il désire créer plutôt qu’à ce qu’il peut observer. Un visionnaire qui n’hésite pas à s’inventer des mondes et à se raconter des histoires, aussi, car il sait que ses «mensonges» ne sont pas des mensonges mais de futures vérités. Il sait que le futur rosier est aussi vrai que la petite graine, en réalité.
Ainsi, êtes-vous prêt à passer en «mode rosier»? Que diriez-vous de prendre les devants et d’entrer en résonance avec les visions qui vous font vibrer? C’est ce déclic magique que je vous propose aujourd’hui. Préparez avec confiance l’arrivée de ce que vous voulez, faites de la place (en vous, autour de vous) pour ce que vous récolterez, enclenchez un mouvement dans la direction désirée, pensez et agissez maintenant comme la version de vous que vous deviendrez une fois que vous y serez... Bref, arrosez amoureusement vos rosiers, et laissez la nature – la vie! – vous rattraper.
Oh, quelle délicieuse, délicieuse façon de vivre... ;-)
Marie Pier Charron.
Tout plein de soleil (et de jolies roses) pour vous en ce début de semaine!