Le fameux curcuma, donne sa couleur aux curry, massala, et autres mélanges d’épices… Certains prêtent aujourd’hui des vertus anti-cancer à cette poudre orange, très à la mode en ce moment . Alors, info ou intox? Le curcuma est-il une épice miracle ?
Revenons d’abord aux origines du Curcuma :
Cette poudre orange est en fait issue du rhizome du Curcuma longa, une plante cousine du gingembre, cultivée en Asie, en Afrique et aux Antilles. Son rhizome orange est cuit, desséché puis épluché avant d’être finement réduit en poudre. En Asie, le Curcuma est utilisé depuis des siècles comme épice colorante mais aussi comme conservateur alimentaire… Mais il fait aussi partie de la pharmacopée de la médecine ayurvédique pratiquée en Inde, et d’autres médecines traditionnelles pratiquées en Chine, au Japon, en Thaïlande ou encore en Indonésie. Dans ces pays, le curcuma est administré pour stimuler la digestion, notamment parce qu’il augmente la sécrétion biliaire. Ces vertus digestives ont désormais aussi convaincu la communauté scientifique : l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) et la Commission E (organisme officiellement mandaté par le gouvernement allemand pour évaluer l’efficacité des plantes médicinales) ont d’ailleurs reconnu l’efficacité des rhizomes du curcuma pour traiter les troubles digestifs, comme les maux d’estomac, les nausées, la perte d’appétit ou les sensations de lourdeur. Les chercheurs sont parvenus à isoler les substances actives du curcuma et ces curcuminoïdes leur ont aussi révélé une action puissante en tant qu’antioxydants, utile dans le traitement des troubles inflammatoires comme les douleurs rhumatismales ou menstruelles. Pour les mêmes raisons, la curcumine accélérerait aussi la guérison des ulcères, des blessures ainsi que des lésions causées par la gale et l’eczéma.
On parle aussi des effets antioxydants et anti-inflammatoires de la curcumine qui pourraient être utiles dans la prévention et le traitement du cancer…
Les essais cliniques ne sont pas suffisamment nombreux à ce jour pour en être certain, mais des études in vitro ont déjà montré que la curcumine empêche la multiplication des cellules cancéreuses et qu’elle facilite la production d’enzymes qui aident le corps à décomposer et évacuer les cellules cancéreuses mortes. Les données épidémiologiques montrent que la prévalence des cancers du côlon, du sein, de la prostate et du poumon est moins élevée dans les pays d’Asie où l’on consomme beaucoup de curcuma. Tout cela ne signifie bien entendu pas que le curcuma serait un remède miracle anti-cancer. Des études ont d’ailleurs déjà révélé que le taux d’absorption de la curcumine par l’organisme humain est faible : la petite fraction absorbée par les muqueuses de l’intestin est rapidement transformée par le foie et éliminée. Pour que la curcumine montre de réels effets anti-cancer, il faut donc en administrer de très hautes doses, dont on ne ne connaît pas le caractère indésirable des effets à plus ou moins long terme.
Il est donc encore trop tôt pour ériger le curcuma en médicament. Mais peut-on promouvoir sa consommation préventive ?
On parle aussi de son effet préventif sur les maladies neurodégénératives telles qu’Alzheimer ou tout simplement du frein qu’il serait pour le vieillissement général de l’organisme… Pour ne rien gâcher, il contient du fer, et du fluor, utile dans la prévention des caries, et on lui prête aussi des effets amincissants,anti-stress, et aphrodisiaques ! Il aurait aussi un effet bonne mine, grâce à ses propriétés accélératrices de la mélanogenèse et réparatrices. Doux et bien toléré par la plupart des gens, le curcuma a donc plus d’une raison d’ être intégré quotidiennement à l’alimentation familiale… Pour le rendre efficace, il faut améliorer son absorption par le corps en l’associant au poivre : la pipérine présente dans le poivre noir multiplie par 1000 l’absorption du curcuma par l’organisme. L’ huile végétale pourrait aussi l’aider à franchir la barrière intestinale. La broméline du gingembre (ou de l’ananas) favorise aussi son assimilation, raison sans doute pour laquelle les Indiens mélangeaient ces ingrédients dans leurs plats traditionnels bien avant que la science ne découvre ces synergies naturelles entre les aliments.
Y a-t-il des contre-indications ?
Le curcuma est seulement déconseillé aux femmes enceintes et aux personnes atteintes de lésions ou calculs biliaires…Dans tous les autres cas, on peut sans problème essayer d’en consommer autant que les Indiens, c’est à dire 1,5 g à 3 g de poudre par jour soit l’équivalent d’½ à 1 cuillère à thé…. Pour l’utiliser au quotidien, on peut par exemple prendre l’habitude d’en saupoudrer sur le riz ou les pâtes, ou d’en glisser dans les sauces, les compotes, mais aussi dans les pâtes à tarte salées ou sucrées. On le trouve le plus souvent sous forme de poudre, mais aussi parfois sous forme d’huile essentielle. Dans ce cas, il faut s’assurer qu’il ne s’agit pas de curcuma xanthorrhiza aussi appelé curcuma zeodoria, qui est toxique pour le système nerveux. Si vous optez le curcuma en poudre, choisissez-le de préférence bio, non irradié et plus savoureux. Il est possible aussi d’acheter le rhizome entier, à éplucher et râper frais, ce qui est un avantage en terme de saveur. Et puis, voici une surprise pour terminer : sachez que même lorsqu’on ne possède pas de curcuma dans son tiroir à épices, on en mange régulièrement. Ses propriétés colorantes ont séduit l’industrie agro-alimentaire, de sorte qu’il est utilisé pour teinter des produits aussi divers que la moutarde, le beurre, des fromages, soupes, confitures, charcuteries, pâtisseries et sauces…On le retrouve alors dans la liste des ingrédients sous l’appellation E100 : bonne nouvelle, pour une fois qu’il n’est pas question d’un additif nocif pour la santé !
Quelques recettes de beauté au curcuma
-le curcuma prévient les pellicules du cuir chevelu
-un masque de curcuma donne un joli teint et protège la peau des effets du soleil mais aussi du vent et du froid. Laissez pour cela poser sur le visage durant 5 minutes une pâte réalisée avec 1 cuillère rase de curcuma en poudre et 2 cuillères à café de crème fraîche épaisse. Attention : pour les peaux très claires, il est parfois nécessaire de réduire la dose de curcuma.
En savoir plus:
- Un précédent article du blog sur les épices
- « 22 épices pour préserver la santé », Guy Avril, Ed. Terre Vivante, 2010.
- « Mes petites recettes magiques aux superépices », Carole Garnier, Ed. Leduc S., 2012.
- « Epices et santé », Nathalie Giraud, France Loisirs, 2011.